Archives pour la catégorie Europe

Helmut Schmidt, figure du couple franco-allemand

Helmut Schmidt, l’ex chancelier allemand de 1974 à 1982, s’est éteint chez lui, mardi 10 Novembre, à Hambourg.

Je viens de perdre un très cher ami. L’Europe et l’Allemagne viennent de perdre un grand homme, dont les actions et idées auront marqué toute une époque ( Jacques Delors)

François Bayrou a salué  un tandem équilibré et chaleureux»  formé par le chancelier allemand Helmut Schmidt et Valéry Giscard d’Estaing et son «rôle politique et symbolique considérable…
C’est sous votre double responsabilité que le chemin a été ouvert vers une monnaie commune, qu’il a été décidé que le Parlement européen serait élu au suffrage universel, et que les sommets européens des chefs d’Etat et de gouvernement furent mis en place; de même pour les sommets des grands pays, G5 puis G8, qui devaient remplir le même rôle pour le monde, détaille François Bayrou.( Le Parisien, courrier adressé à V Giscard d’Estaing).

Hommage de Sylvie Goulard, députée au Parlement européen : Le Chancelier Schmidt nous a quittés. Pour les Européens de toutes sensibilités, c’est une grande perte. Voir son hommage ICI

Un rappel: qui était Helmut Schmidt ? Voir l’article du Parisien ICI

Lettre d’information, Octobre 2015, de Marielle de Sarnez, députée au Parlement européen

Comme à la fin de chaque mois, et de la session du Parlement européen à Strasbourg, vous retrouverez en cliquant sur ce lien  (ICI) la lettre d’information de Marielle de Sarnez.

L’actualité européenne et celle du Parlement sont présentées, mais à remarquer des similitudes avec notre actualité nationale, ce qui n’a rien d’anormal !

Les crises se succèdent, et, dans de trop nombreux domaines, l’absence d’anticipation (voir les marches arrières à propos des impôts locaux des veufs et veuves, une réforme du gouvernement précédent, certes, mais que Bercy avait oubliée !)  de cohérence, de lucidité, et de stratégie de long terme ( impossible avec des échéances électorales tous les ans , surtout quand elles sont mal parties!) est flagrante .

Les dirigeants européens  (nationaux ) apparaissent comme paralysés devant les événements.

Or, les peuples (les Français) ont besoin de retrouver la confiance dans l’Europe (et leur pays, dans leurs institutions  ..)

Bonne lecture

Lettre de Marielle de Sarnez, Députée au Parlement européen, Septembre 2015

La lettre d’information N° 55 de Marielle de Sarnez est parue.

L’essentiel de son contenu porte sur la question du Moyen Orient : accueil des réfugiés syriens, rôle de tous les états, non seulement européens, nécessité absolue de donner des moyens  à  Frontex pour la surveillance des frontières de l’UE et non de condamner son manque d’efficacité …

La lettre de Marielle de Sarnez est ICI

Si besoin, le même sujet est traité de façon isolée dans la tribune du Huffington Post

Migrants ou Réfugiés ?

Chacun a été ému par la photo du petit Aylan retrouvé mort sur une des plages de la station balnéaire de Bodrum en Turquie. Il a fallu cette publication britannique, choquante et bien tardive en France, pour alerter l’opinion publique sur le sort des migrants: les réseaux sociaux, donc la société civile, en partageant cette photo sous le terme « l’humanité échouée », ont ainsi imposé le débat, et peut-être, enfin, l’action des politiques.

Jusqu’à ce jour du 2 septembre, les responsables politiques n’ont guère bougé: peur du « faux pas », surtout face aux futures élections, peur de l’opinion publique française après la parution d’un sondage dévoilant que plus de la moitié des Français sont opposés à l’accueil de « migrants » …(ou de « réfugiés » ?), paralysie face au Front national qui occupe la scène médiatique ?

Il faut dire qu’en effet, les journaux lui sont largement ouverts: feuilleton familial, congrès à Marseille, tous les ingrédients sont là pour lui laisser la parole! Et quelle parole!

Une surenchère verbale, des propos haineux, des chiffres « effrayants » et des affirmations qui donnent le tournis, des propos simplistes qui jouent sur la peur, le tout affirmé de telle façon qu’on pourrait presque y croire ! En voici un « pot pourri »

Il est, en vrac, question de « l’invasion« , de la « subversion migratoire« , du fardeau migratoire« , des « miséreux » (qui vont prendre nos emplois) pour lesquels la France est la « destination prioritaire« , et contre lesquels il faut se protéger ! Des discours « plein de bon sens » … qui reviennent aux « fondamentaux » (sic) ; en fait, des propos qui nous reportent dans les années 30 du siècle dernier et cela est insupportable et ne demande aucune tergiversation (action de faire traîner les choses en longueur pour éviter de prendre une décision… définition du Larousse).

Nos fondamentaux, ce sont les droits de l’Homme, ce sont les valeurs qui ont construit l’Europe, dont la France, des valeurs d’accueil, de respect de l’autre, de la dignité de l’Homme, en un mot, tout ce qui fait l’Humanisme.

Une « invasion » ? De qui ?

Que disent les données du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), à propos des réfugiés syriens qui sont la plus grande partie de ceux qui frappent à la porte de l’UE aujourd’hui ? (source: site du HCR)

4M 088 sont enregistrés le 6 septembre, dont plus de 2 M en Egypte, Irak, Jordanie et Liban, 1,9 M en Turquie; quant à ceux qui ont « envahi » la France, la réponse est dans les chiffres : Voir page du blog Bruxelles 2

Quelles propositions ?

La solution est difficile, personne ne peut le nier : la crise est humanitaire et appelle des réponses urgentes, à court terme; les accueillir est un devoir moral, mais les réponses sont aussi politiques et juridiques.

« Renvoyer les migrants chez eux avec humanité« (sic) ?

Il y a bien sûr des migrants « économiques » aux frontières de la Hongrie, de l’Autriche, mais la grosse majorité vient de pays en guerre, d’Irak, de Syrie, ou d’états peu sûrs (Libye, Soudan …) : ce sont donc des « réfugiés ». Ces termes, migrants et réfugiés, ne sont pas interchangeables. Le statut des « Réfugiés » –il date de 1951- leur donne accès à l’aide des états et du HCR : ils ne peuvent pas être expulsés car leur vie est menacée. Les états qui les reçoivent doivent assurer leur sécurité, aidés en cela par le HCR. Les « migrants » quittent leur pays pour des raisons économiques; s’ils y retournent, leur gouvernement doit les protéger.

Source, site du Haut Commissariat aux Réfugiés.

C’est une crise de demandeurs d’asile, de « réfugiés », que l’on ne peut ni humainement, ni juridiquement renvoyer chez eux… et où chez eux ? Il n’y a plus d’ambassade, même plus d’état ! Appeler à « renvoyer les migrants chez eux » ne veut strictement rien dire, sauf à donner dans le registre populiste !

Que peut faire l’Europe?

Jusqu’à maintenant, les dirigeants ont laissé agir les pays d’arrivée en « première ligne » : la Grèce, l’Italie, Malte, et la Bulgarie. Or, c’est une crise européenne qui appelle une réponse européenne.

Le 3 septembre, la Haute représentante de l’Union européenne, Federica Mogherini a réagi fermement au manque de réponse européenne, car le risque de la division tétanise: « nous n’avons plus le luxe d’attendre ». Mais face à « cette crise sans précédent, nous ne pourrons pas y faire face par le biais d’une approche isolée des Etats membres, par une politique intérieure ou extérieure uniquement, il faut que l’Europe agisse vite dans la solidarité et la responsabilité. Chacun commence à comprendre qu’on ne peut plus s’offrir le luxe de pouvoir reporter les décisions à plus tard. ».

La chancelière allemande a réagi la première, suivie par la France et l’Italie qui ont réclamé une révision du droit d’asile et une meilleure répartition des réfugiés en Europe. Le Président de la Commission européenne propose le chiffre de 160 000 à répartir dans l’UE.

Les réunions des 9 et 14 septembre diront si les dirigeants comprennent qu’il faut une réponse européenne, responsable, solidaire-la solidarité est à la base de la construction européenne-, plus rapide que pour la crise financière, car ce sont des vies humaines qui sont en jeu.

C’est une crise peut-être plus grave dans ses conséquences que la crise grecque. En tout cas, ce sera une crise plus difficile à résoudre, car ce ne sont pas sur des critères techniques, des mécanismes financiers, sur lesquels il faudra s’entendre, mais sur des critères humains, des valeurs fondamentales qui sont le socle du projet européen, et cela nécessite une vision humaine et politique.

Viviane Boussier (Groupe MoDem Europe 78)