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Lettre de Marielle de Sarnez, Juillet 2016

La lettre n° 62, de Marielle de Sarnez, Députée au Parlement européen, est parue. On peut la lire en cliquant sur ce lien ICI 

Voici ce que Marielle de Sarnez écrivait, alors qu’aujourd’hui même (mardi 26 juillet)  un autre acte barbare vient de frapper la communauté catholique. L’heure n’est vraiment pas à des polémiques inutiles comme celles qui occupent les médias et des politiques irresponsables mais à l’unité de tous

Au moment où j’achevais ce texte, est survenu le drame qui a fait tant de victimes à Nice. Bien entendu, le sujet du terrorisme barbare et le sujet de l’avenir de l’Europe ne peuvent pas être confondus. Mais il demeure que l’un et l’autre ont à voir avec l’état du monde, et qu’une action européenne concertée et vigoureuse a pour but, en particulier, de garantir une meilleure sécurité et de chercher un meilleur équilibre dans ce monde tourmenté.

Britanniques ou Européens du continent, nous sommes nombreux à avoir été atteints par le résultat du référendum du 23 juin dernier.

Certes, ce n’est pas la première alerte.

Il y a eu l’élargissement inconsidéré, et les référendums perdus.

Il y a eu l’Europe qui ne se préoccupe que du marché, avec toujours plus de normes et de règlements, alors que nous attendions une Europe de la volonté politique.

Il y a eu de l’opacité, et des négociations à huis-clos, alors que nous attendions de la transparence.

Il y a eu la mondialisation subie, alors que nous attendions d’en saisir les chances, et d’en être protégés quand il le fallait.

Il y eu des dirigeants incapables de faire face aux nombreuses crises qui ont frappé le continent depuis près de dix ans, alors que nous attendions du courage, et de la capacité de décision.

Et il y a eu enfin la scandaleuse et inacceptable nomination de l’ancien président de la Commission chez Goldman Sachs, qui est un coup de plus porté à l’idéal européen.

Aujourd’hui, l’Union européenne est bel et bien menacée dans sa vocation, et dans son existence même.

C’est pourquoi, nous Européens, avons une responsabilité particulière, une responsabilité historique. Celle de participer à une refondation du projet européen, à une renaissance européenne.

Nous voulons un projet nouveau, donnant toute liberté aux citoyens d’être codécideurs de leur destin.

Bien sûr, il faudra une vision politique. Mais il faudra surtout de la créativité dans la vision. Le chemin vers une Europe politique et démocratique.

Pour ma part, je défendrai au moins quatre principes-clés :

Il est vital de proposer une vision, la perspective d’une Europe nouvelle, recentrée sur l’essentiel, une communauté de destin revendiquée comme telle par ceux qui en font partie. Une Europe nouvelle politique et démocratique.

– proposer à ceux qui ont une monnaie commune de partager ensemble l’initiative pour une Europe nouvelle, qui pourra être impulsée par les pays fondateurs de l’UE. Il faut resserrer le cercle des décideurs. Il en effet est impossible de prendre des décisions fortes à vingt-sept ou vingt-huit ;

– définir ensemble les grands principes de l’Union et les regrouper dans un texte d’orientation clair et lisible, une dizaine de pages, que chaque citoyen puisse appréhender et comprendre ;

– améliorer les processus démocratiques à Bruxelles et Strasbourg, comme au sein des États-membres. Les négociations diplomatiques à huis-clos ne peuvent plus tenir lieu de vie démocratique. Bien sûr, le Parlement européen doit assumer et affirmer son rôle, mais les débats sur les questions européennes doivent aussi avoir lieu dans les assemblées nationales ;

– appliquer le principe de subsidiarité en donnant la liberté aux États de gérer de près tout ce qui les concerne directement et concentrer l’action de l’Union sur les sujets majeurs, que les États ne peuvent traiter qu’ensemble. Nous devrons rapidement prendre des décisions structurantes pour affronter les grands défis économiques, sociaux, sécuritaires, migratoires, qui sont devant nous. C’est comme cela que nous renouerons avec l’efficacité européenne.

Cette démarche suppose un leadership fort. En France, le président de la République n’a plus la légitimité suffisante pour incarner et défendre une nouvelle vision aux yeux de l’Europe. Mais nous avons une chance : la prochaine grande échéance démocratique arrive rapidement. Cette question devra être au cœur de la campagne présidentielle de 2017. Si nous manquons ce rendez-vous, il n’y en aura peut-être pas d’autres.

L’Europe est un idéal : ensemble, nous décidons de nous doter d’un destin commun pour affronter le monde tel qu’il est. Mettons tout en œuvre pour permettre aux citoyens, qui sont les premiers concernés et les premiers responsables, de renouer avec cet idéal.

Marielle de Sarnez

Brexit: le pompier pyromane a perdu

Vendredi 24 juin 2016, je me suis réveillé avec une sévère gueule de bois. Parce que j’avais trop bu la veille ? Pas du tout ! Simplement parce que je n’arrivais pas à croire ce que j’entendais sur les chaînes infos: le Royaume Uni avait dit oui au Brexit !

C’est une mauvaise blague. De l’humour anglais. Je dormais encore et j’allais me réveiller. Et non ! C’était la vérité vraie ! La Grande Bretagne venait de décider de quitter l’Europe. La veille encore, avec mes collègues conseillers régionaux d’Ile de France, nous étions à Bruxelles à l’invitation de Marielle de Sarnez. La veille encore, nous avons posé, tous ensemble, comme le veut la tradition, devant les 28 drapeaux de l’UE. A ce moment là, j’étais loin d’imaginer, que cette photo deviendrait presque historique. Demain, le drapeau britannique sera enlevé.

Ainsi le pompier pyromane, David Cameron a perdu. Quand les intérêts électoraux personnels l’emportent sur l’intérêt général, on peut provoquer des séismes internationaux. Vous avez perdu Monsieur Cameron ! Et en perdant votre pari purement électoralisme, vous avez provoqué une onde de choc dont personne ne mesure aujourd’hui les effets. Le paradoxe, c’est que vous avez perdu alors que l’Europe n’a jamais été aussi proche de votre rêve européen à vous: une Europe de marché et uniquement de marché, ultra libérale.

Quant à l’onde de choc provoquée, les premiers effets se feront sentir d’abord chez vous. A n’en pas douter, la première Ministre Ecossaise, va demander par voie référendaire aux Ecossais son maintien dans l’Europe et donc, la sortie de l’Ecosse du Royaume Uni. En Irlande, le Sinn Fein a appelé à la ré-unification des deux Irlandes. Vous avez, Monsieur le pompier pyromane, déjà, presque sûrement, provoqué l’éclatement géographique du Royaume Uni. Sans parler des probables répercussions financières et économiques à venir pour votre pays. Mesurez-vous réellement le poids de votre responsabilité dans le marasme que vous venez de provoquer ? Face à l’Histoire avec un grand “H”, vous resterez comme celui qui a plongé pour au moins une bonne dizaine d’années son pays dans une crise sans précédent. Tout çà simplement parce que vous vouliez être ré-élu !

Je vous accable Monsieur Cameron parce que vous êtes celui qui a appuyé sur le détonateur de l’explosion européenne. Mais vous n’êtes pas le seul coupable, loin de là. Cela fait bien longtemps que le ciment franco-allemand qui avait présidé aux destinées de l’Europe n’existe plus. De lâchetés en renoncements de l’idéal européen, nos gouvernants ne se servaient plus de l’Europe que comme bouc émissaire. Alors que rien ne se fait ni ne se décide à Bruxelles sans l’accord plein et entier des gouvernements des 28 pays de l’Union, ils n’ont cessé de stigmatiser les institutions européennes. Comment la France peut-elle se déclarer pro-européenne alors qu’elle n’a même pas en son sein de ministère des affaires européennes ?

Malgré tout et malgré l’onde de choc que va provoquer ce Brexit, je refuse de croire à la mort de l’Europe. L’Europe doit renaître. Ce coup de semonce doit nous ouvrir les yeux. Ce que les britanniques ont sanctionné c’est la prééminence de l’Europe des élites face à l’Europe des peuples. A l’heure de la révolution numérique nous n’acceptons plus, avec raison, ce déni de démocratie. Alors comme le dit si bien Marielle de Sarnez repartons d’une page blanche. Ré-écrivons le destin européen. Mais ré-écrivons le sur la base d’une vision réellement européenne qui ne se limite pas à une Europe ultra-libérale des marchés. Créons l’Europe sociale, fiscale, politique dont nous rêvons depuis si longtemps. Pour cela nous avons besoin d’hommes et de femmes d’Etat courageux, clairs, lucides, qui ne mentent pas au peuple. Et il en existe, pas beaucoup, mais il en existe. Au premier rang desquels je place François Bayrou et Marielle de Sarnez. Eux, ont toujours milité pour une Europe démocratique proche des concitoyens. Eux, ont toujours prôné d’abord pour l’approfondissement de l’Europe avant de faire son élargissement. Eux, ont toujours voulu une Europe politique à qui ont “confierait les choses essentielles que nous ne pouvons pas faire seuls et qui laisserait aux Etats, au plus près du terrain, de décider des choses de la vie de tous les jours, des choses secondes”, comme le déclarait sur BFM François Bayrou.

Nous ne pouvons pas abandonner notre pays aux mains de souverainistes qui nous replongeraient plus d’un siècle en arrière. La seule chose que nous pouvons faire face à la globalisation, ce n’est pas de nous retrancher derrière nos frontières, mais bien au contraire de nous rassembler pour contrôler cette globalisation en protégeant le citoyen de ses effets pervers. Nous avons la chance d’être à l’aube d’une échéance électorale qui va s’avérer capitale. L’Europe sera à n’en pas douter un des sujets clef de la prochaine campagne de l’élection présidentielle de 2017 en France. Il faudra que les candidats à la fonction suprême soit très clairs sur leur vision européenne et qu’ils tiennent leurs engagements. Il en va de notre survie démocratique. Je ne sais ce que décidera François Bayrou au final, mais je n’ai jamais autant souhaité qu’il se présente à l’élection présidentielle qu’aujourd’hui. Sa passion pour l’idéal européen, sa clairvoyance, sa vision du monde, sa justesse d’analyse, en font à n’en pas douter le candidat le mieux placé. Celui qui a la stature de l’homme d’Etat, au sens noble du terme, capable d’entraîner les citoyens vers un vrai destin.

Quant au Royaume Uni, il a fait le choix de divorcer. Et il doit en assumer les conséquences. Un divorce, même s’il peut mettre deux ans à être prononcé, n’en demeure pas moins un divorce et doit être traité comme tel. Il n’est plus possible aujourd’hui que les Britanniques restent dans la maison Europe. Ils ne peuvent plus aujourd’hui continuer à participer aux décisions prises par l’Union Européenne. Bien sûr, il faudra construire des accords bi-latéraux avec la Grande Bretagne, mais j’espère que les dirigeants européens sauront, maintenant que brexit est effectif, se montrer fermes face aux britanniques. Si un jour le Royaume Uni veut réintégrer l’Europe, il ne pourra le faire qu’à nos conditions.

Bruno Millienne

Président du MoDem 78, Conseiller Régional d’Ile de France & Européen convaincu