Que faut-il retenir du premier tour des élections départementales ? Découvrez l’analyse de Marc Fesneau, secrétaire général du Mouvement Démocrate.
« Quelques éléments d’analyse 24 heures après le scrutin et en s’éloignant des sondages sortis des urnes et des agrégations « originales » du ministère de l’intérieur. Et c’est quand même mieux de faire ainsi en évitant de commenter les sondages avant vote et en comparant plutôt avec les scrutins précédents et en essayant de tirer des enseignements lucides loin du « on a tous gagné » des plateaux télé. Bref en sortant des trompe-l’oeil.
D’abord l’élément principal et qui me paraît aveuglant de vérité : il y a indéniablement un score jamais atteint du Front national loin de l’échec facilement répété à l’envie hier soir. Dans plus du tiers des départements en tête, présent dans plus de 1100 cantons, arbitre dans la plupart. Quel est l’état d’une démocratie soumise à une telle pression ? Et que donneront les régionales avec des candidats FN à forte notoriété ?
Ajoutons une montée dans des départements jusqu’alors à l’écart de vague : Puy-de-Dôme, Maine-et-Loire, Ille-et-Vilaine, Orne… C’est bien d’une implantation réelle et durable dont on parle. Et on n’a pas fini d’en parler. C’est pour moi le premier enseignement et, peut-être, celui sur lequel il faudrait réellement travailler.
Ce n’est ni la stigmatisation et la dramatisation à outrance des uns, ni la course aux positions les plus droitières des autres qui endigueront cette vague qui menace de tout emporter sans rien résoudre. Dans les deux cas, des postures de circonstances et dans les deux cas les germes de l’échec.
Pour le reste, le PS se maintient dans une configuration de recul très net mais moins fort qu’annoncé. Les bastions ont plutôt tenu sauf exceptions, lesquelles mériteraient d’être analysées en profondeur. Et le balancier, pour les autres départements est à l’œuvre, fort logiquement, du fait de l’impopularité de l’exécutif.
Pour l’UMP les résultats sont évidemment positifs par l’effet de balancier indiqué plus haut. À noter que dans la plupart des cas, l’UMP était en configuration d’alliance de premier tour avec les centristes, contrairement à la gauche. Les divisions handicapantes du premier tour favoriseront–elles la gauche au second tour ? Et de poser la question des réserves de voix de ce camp. Qui et avec qui atteindre les 50 % ? Quel électorat mobiliser et sur quel projet pour ne pas décevoir une nouvelle fois ? Et il sera intéressant de voir le sort réservé aux triangulaires de dimanche prochain. Et les reports ou transferts de voix.
Le rapport droite-gauche est assez équilibré avec un net recul de la gauche au regard des précédents scrutins locaux. Le PS local s’efface petit à petit, scrutin après scrutin. Comme la droite il y a 10 ou 15 ans. Effets d’usure ? De balancier ? Tout à la fois sans doute.
Et les centristes ? Et en particulier le Mouvement Démocrate qui a porté depuis son origine la volonté d’un centre qui exprime son existence et s’assumant pleinement ?
Présent dans plus de 300 cantons (1/3 en indépendants complets, 1/3 en partenariat centriste ou divers, 1/3 en partenariat avec l’UMP) le Mouvement Démocrate poursuit et confirme sa meilleure implantation locale.
Tordons d’abord le cou à un canard : le score du MoDem au niveau national et là où nous étions présents seuls est, en moyenne, de plus de 8 %. Il suffit de regarder le score, en moyenne de 6 % en terres difficiles des Bouches-du-Rhône à Marseille et Aix-en-Provence, pour s’en convaincre. L’étiquette se porte bien et c’est une bonne nouvelle pour l’avenir d’autant mieux qu’elle s’appuie sur une implantation locale réelle.
Ce n’est ni une victoire, ni un aveuglement, ni un satisfecit envoyé à nous même. Tout simplement le constat simple d’une réalité qui peut être utile pour la suite et qui est un encouragement.
Dans les autres situations (celles de partenariats avec des indépendants des centristes et des candidats de l’UMP) les scores varient généralement de 20 % à plus de 45 % avec la victoire d’une candidate en Savoie dès le premier tour.
On pourra enfin regretter les attitudes parfois irresponsables, même si très minoritaires, de certaine formations « cousines » plaçant ça et là des candidats contre ceux du MoDem avec des objectifs qui restent obscurs. On aurait aimé que la même énergie soit déployée pour conduire des rassemblements de centristes plus nombreux au premier tour. L’union est un combat dit-on et j’y ajoute que c’est une nécessité.
Je voudrais enfin saluer celles et ceux qui ont porté nos couleurs durant ces semaines de campagne dans un contexte national difficile et fait vivre le pluralisme. Certains ne seront pas présents au second tour et je voudrais leur dire merci et leur dire que ces combats ont été utiles y compris dans la construction de notre mouvement.
D’autres vont mener le combat du second tour avec souvent des configurations très ouvertes…
A nous d’en faire des succès ! »
Marc Fesneau
Secrétaire général du MoDem