Intervention de Bruno Milienne à l’occasion de la mise en oeuvre d’un pacte rural

Lors de la session du Conseil régional des 17 et 18 mars amorçant la mise en œuvre d’un pacte rural et multipliant par deux, dans le budget 2016, les crédits consacrés à l’aide aux territoires ruraux, Bruno Milienne, Président du MoDem 78, est intervenu sur ce thème dans le cadre de sa Commission ruralité.

Retrouvez ci-dessous son intervention sur le doublement des aides aux territoires ruraux voté au Conseil Régional d’ Ile de France

Madame la Présidente,
Madame la Vice-Présidente,
Chers Collègues,

« S’il est donc un sujet qui devrait faire consensus tant il est urgent d’agir, c’est bien celui des territoires ruraux. Et pourtant ! Quelle ne fut pas ma surprise lors de la dernière commission ruralité et agriculture de m’apercevoir qu’il n’en était rien.
Pendant près d’une demi-heure, mes chers collègues, nous avons eu le droit à une diatribe de la part de l’opposition, expliquant à la nouvelle majorité que son comportement était insultant car le vice-président de la commission avait osé(!) faire le constat de l’inefficacité des politiques rurales de la précédente majorité.

Mes excuses aux élus de l’ancienne majorité, mais apparemment, elle ne doit pas vivre – ou du moins côtoyer- les mêmes communes rurales que nous.
Je les invite donc à venir expliquer aux habitants et aux édiles de mon canton, le Bonniérois, les actions qu’ils ont menées en leur faveur au cours des 17 dernières années de leur mandature.
Pour eux, comme pour moi, affirmer que vous avez porté une attention particulière à ces territoires est une honte. Permettez moi un conseil, prenez votre bâton de pèlerin et partez à la rencontre de toutes ces femmes et hommes de communes de moins de 1000 habitants, qui voient leurs villages mourir à petit feu, faute de soutien de l’Etat et de la Région ! Venez constater de vos propres yeux que les commerces disparaissent les uns après les autres, que les services publics ne sont plus qu’un lointain souvenir, que la désertification médicale ne cesse de s’accroître, que les populations vieillissent et ne sont guère accompagnées. C’est un constat que vous ne pouvez nier.

Il est urgent de favoriser l’attractivité des territoires ruraux car il nous faut non seulement répondre aux besoins des agriculteurs mais également à ceux des urbains qui s’éloignent de plus en plus de la Métropole pour espérer trouver, ailleurs, une meilleure qualité de vie tout en conservant un accès aux moyens modernes de communication.

Cela passe bien évidemment par des transports publics dignes de ce nom. Mais ce n’est pas tout. Il nous faut également agir sur tant d’autres volets : l’insécurité, les inégalités scolaires, la carence de lycées dans certains territoires et l’accès à la culture pour tous.

Autre fléau qu’il nous faudra également combattre mes chers collègues, c’est celui des déserts médicaux qui, année après année, s’étalent de façon durable sur ces territoires. J’en profite ici pour louer l’action de tous ces médecins qui restent fidèles à leurs patients et à leurs territoires d’exercice, et je tiens notamment à saluer le docteur Annaïg Echer, qui, au sein du département des Yvelines en a fait le combat d’une vie.

Dernier point et non des moindres, il nous faut aider le monde agricole. Et par pitié n’ayons pas une vision simplement court-termiste qui, à coups de subventions – comme le font messieurs Le Foll et Valls – visent à remettre à plus tard des problématiques explosives. Ces aides que l’on sème ici et là voudraient nous faire croire que c’est avec des pansements que l’on soignera un hémophile.

La Région Ile de France, de par son rang de région capitale, a le devoir impérieux de se mettre autour de la table avec tous les acteurs des filières de l’agriculture pour imaginer l’agriculture de demain. Il faut impérativement faire cette barrière anti-mitage et sanctuariser les terres agricoles.

Mais, dans le même temps, nous ne pouvons pas continuer ainsi à appauvrir et à polluer nos terres à coups d’utilisation massive de produits phytosanitaires. Drôle de nom pour un poison. Quand on le dit comme çà on pourrait croire qu’il soigne. Or nous le savons tous, il tue par la pollution qu’il engendre que ce soit en nitrates ou en pesticides. A force de traitement de ce type certaines terres seront infertiles à l’horizon 2030. Or cette année encore, nous avons, sur le territoire national, déversé 16% de plus de produits phytosanitaires.

Mais ce n’est pas en imposant une vue sectaire et dogmatique de l’agriculture que nous y arriverons car le problème est complexe. Certains se plaignent de la monoculture de céréales en Ile de France, or nous n’en produisons pas assez pour couvrir les besoins des franciliens. Certains veulent du tout bio, mais on ne passe pas du jour au lendemain à l’agriculture bio. Il faut en moyenne compter trois ans et organiser le type de culture que l’on veut faire au risque de saturer le marché. Et puis pour faire du bio, il faut produire des matières organiques. Il faut donc réintroduire l’élevage en Ile de France. Qui dit élevage, dit abattoir. Or il n’en existe plus aucun dans notre région. Le peu d’éleveurs que nous comptons, sont obligés d’emmener leurs bêtes dans des abattoirs des départements limitrophes à l’Ile de France. C’est à la fois une perte de temps et une perte d’argent.

Alors, mes chers collègues, je pourrais continuer ainsi pendant longtemps et vous parler d’agroforesterie, de biodiversité, de traitement de l’eau à la source, de l’habitat de demain qui sera fait de bois et de paille plutôt que béton …

Vous voyez, la tâche à accomplir est gigantesque si nous ne voulons que nos territoires ruraux deviennent des déserts pour miséreux, des territoires oubliés de la République.
Pourquoi le citoyen urbain aurait-il droit à plus et à mieux que le citoyen rural ? La colère et le désespoir gagnent du terrain dans ces territoires. Et croyez moi, cela ne se traduit pas uniquement dans les urnes.

Le pacte rural que vous propose l’exécutif, trace, point par point, toutes les actions que nous devons mener en faveur de territoires oubliés depuis trop longtemps.

Notre engagement est donc total et nous soutiendrons toute mesure allant de le sens de ce que j’ai pu évoqué Madame la Présidente. Je regrette simplement, que par son inaction, l’ancienne majorité, nous ait fait prendre autant de retard. Beaucoup trop …

Merci. »

Site de la région Ile de France concernant cette délibération


Viviane Boussier, le 20 mars 2016