Régionales : « Nous proposons un pacte régional pour l’air »

(Article paru dans L’Obs le 21/09/2015)

Quelle politique environnementale en Île-de-France ? À quelques semaines de la COP21 et des régionales, Valérie Pécresse, candidate de la droite et du centre à la présidence de la région, Chantal Jouanno, ex-secrétaire d’État à l’Environnement et conseillère régionale UDI, et Yann Wehrling, conseilleur de Paris MoDem, détaillent leurs propositions en la matière.

Le Museum d’Histoire naturelle nous apprend que près de 65% des effectifs des oiseaux ont disparu en France au cours des 20 dernières années. Les 10 années les plus chaudes du siècle passé se situent toutes dans les 15 dernières années.

Les pics de pollution à Paris et en Île-de-France sont en augmentation, et c’est près d’1 Parisien sur 2 qui est exposé à des niveaux de pollution dépassant les normes, réduisant pour nos enfants leur espérance de vie de 6 à 9 mois.
L’état de notre environnement se dégrade dramatiquement et à un rythme de plus en plus rapide. Cette situation exige une accélération des actions et des décisions.

Les socialistes et les Verts n’ont rien fait

Il est urgent d’agir, or rien ne se passe. Que peut-on encore espérer des socialistes qui ont tous les leviers de pouvoir et à tous les niveaux : gouvernement, région Île-de-France, ville de Paris ?

Ils auraient eu le temps et les moyens d’enrayer la crise écologique. Mais ils n’ont, pour ainsi dire, rien fait. Nous n’avons eu que grands discours, postures et idéologies dont la planète n’a que faire.

Quant aux Verts, en s’obstinant à faire alliance avec un Parti socialiste totalement sourd aux impératifs écologiques, ils se sont malheureusement révélés incapables de permettre les grandes avancées environnementales tant attendues. Les plus importantes ont été faites par un gouvernement de droite et du centre lors du Grenelle de l’Environnement.

Quel contraste avec le bilan environnemental de l’actuel gouvernement ! Aéroport Notre-Dame-des-Landes, abandon de l’écotaxe, retard de la France absolument inexplicable dans le développement des énergies renouvelables, etc.

Travailler avec le monde économique, pas contre lui
Pour notre part, nous avons constitué un rassemblement et une équipe qui veulent passer à l’action, non pas en ayant forgé un difficile compromis entre des écologistes et des gens qui ne le seraient pas, un arrangement auquel il faudra s’attendre du côté du PS et des Verts entre les deux tours.
Non, notre équipe, notre programme sont le fruit d’un constat partagé et d’une envie d’agir réellement pour l’environnement.
En premier lieu, nous voulons adopter une méthode : celle de travailler en partenariat avec le monde économique et non contre lui. Bien entendu, nous n’ignorons pas que bien des dégradations de l’environnement sont le fait d’activités économiques. Mais quelle est l’alternative ? Empêcher ces activités avec comme corollaire d’importants dégâts sociaux ?

Notre pari, c’est celui de verdir l’économie. Bien des entreprises, bien des filières et des secteurs y sont prêts. Le rôle d’une collectivité comme le Conseil régional, c’est de les y aider, d’identifier les bonnes pratiques, de les valoriser et les généraliser.

C’est aussi s’investir fortement dans l’innovation, détecter ce qui est précurseur, ce qui sera l’économie verte de demain.
 
Nous proposons un Pacte régional pour l’air
Cette méthode, nous l’utiliserons pour nous attaquer vraiment à la question de la pollution de l’air. Nous ne ferons pas comme la maire de Paris qui pense qu’elle peut agir seule contre tous.
Ce défi de la pollution de l’air concerne Paris, la première et la grande couronne. Il est absurde de dire ou de penser que la pollution s’arrête au périphérique. Nous proposerons à toutes les collectivités, aux entreprises, aux particuliers, à l’État également, un Pacte régional pour l’air.

Ce Pacte, ce sera un ensemble d’engagements et de mesures, telles que la mise en place d’un péage de transit pour les poids lourds qui traversent l’Île-de-France sans s’y arrêter, des transports en commun dignes, c’est-à-dire propres, ponctuels, accessibles, confortables et climatisés en été, des parkings relais et des voies supplémentaires pour favoriser le co-voiturage et l’intermodalité, ou encore des services dans les gares du Transilien et les principales stations RER.

Cet ensemble de mesures, cohérentes entre elles, chacun les prendra à son niveau de compétence. L’objectif : éliminer les pics de pollution à l’horizon 2020.

Faire de l’Île-de-France une région pionnière

Par ailleurs, en écho à la conférence « climat », la COP21, nous voulons faire de note région, la plus peuplée de France, poumon économique du pays, la région pionnière dans le monde pour la lutte contre le réchauffement climatique.
Concrètement, pour chaque décision du Conseil régional, nous en vérifierons l’impact « carbone ». Le retard dramatique de la région dans le développement des énergies renouvelable sera comblé en appuyant massivement au moins deux grands potentiels franciliens : la géothermie et la méthanisation des déchets verts.
Les populations proches de ces infrastructures y seront associées, notamment en leur proposant un investissement citoyen et donc un intéressement financier aux recettes. Selon notre méthode, la région sera le chef d’orchestre de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
Le gaspillage énergétique en Île-de-France est considérable et donc, le potentiel pour réduire cette gabegie l’est tout autant. La région proposera un plan « région décarbonée » qui listera, domaine par domaine, secteur par secteur, activité par activité, toutes les possibilités de réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

Un défi écologique et économique

Ce plan visera à donner les clés et les solutions pour que tous, élus, chefs d’entreprises, citoyens-consommateurs, puissent, au quotidien, faire des choix qui soient moins émetteurs de CO2. On pense, par exemple, au formidable gisement dans le bâtiment. Il faudra donner un coup d’accélérateur à la rénovation du bâti en Île-de-France, par exemple en donnant à chaque projet de rénovation tous les outils de financements dont il a besoin.
Ce défi écologique, nous voulons le relever dans un contrat de confiance avec tous les décideurs, notamment économiques. C’est un double pari que nous réussirons alors : celui de l’environnement et de la santé bien sûr, mais aussi celui du développement économique.
Car au fond, cette mobilisation, s’appuyant sur notre dispositif de formation et d’apprentissage, sera un formidable terrain de démonstration et de créativité pour nos entrepreneurs, leur permettant de mieux conquérir les marchés des autres régions et celui, en croissance rapide, des nouvelles métropoles mondiales.
L’écologie ne sera pas un supplément de notre programme. Elle est partie intégrante d’un tout cohérent alliant ambition environnementale et développement économique, fondée sur la formation et le développement des talents de chaque Francilien. C’est cela notre projet pour la région capitale.
 Signataires :

– Valérie Pécresse, candidate de la droite et du centre à la présidence de la région Île-de-France,

Chantal Jouanno, ancienne secrétaire d’État à l’Environnement, conseillère régionale UDI,

Yann Wehrling, ancien secrétaire général des Verts, conseiller de Paris MoDem


Viviane Boussier, le 29 septembre 2015