L’Etat a décidé de réduire de 30% les dotations accordées jusque-là aux communes et intercommunalités pour assurer leurs missions. Cette baisse massive est sans précédent et concerne chaque commune ou intercommunalité, chaque habitant, sans exception.
Souhaite-t-on que les services de proximité rendus au quotidien à 66 millions de Français disparaissent ou soient drastiquement réduits ? Souhaite-t-on renoncer aux investissements publics ? La est réponse est claire : c’est non !
Oui, je suis en colère !
Je suis en colère en tant qu’élu et en tant que citoyen !
Je suis en colère, non pas parce qu’il faut que nous participions nous aussi au désendettement de la France, mais parce que l’Etat est scélérat, et nous demande une quote-part de remboursement sans commune mesure avec notre réelle responsabilité dans le déficit de la France !
Je suis en colère, car on ne peut pas demander aux collectivités territoriales de rembourser 25% de la dette totale de notre pays alors que notre endettement représente au pire 10% de cette dette !
Je suis en colère aussi parce que la plus grande partie de la baisse des dotations (36%) va frapper directement les communes !
Et, il est des communes comme des entreprises. Les grandes métropoles, si elles vont certainement avoir recours à des coupes drastiques, seront peut-être en capacité d’absorber ces baisses de dotations.
Mais quid des communes de 1000 habitants et moins ? Comment vont faire ces 27000 communes sur les 36000 que compte la France pour s’en sortir ? Si les choses restent en l’état, cela nous promet une kyrielle de hausse d’impôts locaux et/ou de mises sous tutelle.
Je suis en colère, parce que, nous, centristes, cela fait 15 ans que nous dénonçons les dangers de ce déficit public qui ne cesse de s’accroître. Cela fait 15 ans que nous ne cessons d’alerter, en disant à qui veut bien l’entendre, qu’un jour ou l’autre, nous devrons bien payer l’addition et qu’elle sera plus que salée ! Nous avions d’ailleurs demandé que la règle d’or budgétaire soit inscrite dans la constitution.
Et voilà, nous y sommes ! Et l’effort que nous demande l’Etat est totalement disproportionné par rapport aux efforts qu’il est prêt lui-même à fournir pour réduire notre déficit national.
Pire les dépenses de l’état, incapable de contrôler l’inertie de son administration, ne cesse d’augmenter !!!
Alors, oui, je suis, nous sommes, en colère, car on ne peut pas nous demander de consentir à de tels efforts dans un temps aussi court, quand dans le même temps à force de lois iniques et de petits arrangements entre amis on laisse à ce point filer la dette :
– La loi Peillon sur les rythmes scolaires qui n’avait vraiment pas de caractère d’urgence, va, au final coûter 600 millions d’euros de plus que prévu, payé par les communes
– La nouvelle loi NoTre avec le regroupement des régions faite dans la cacophonie la plus totale va créer des dépenses supplémentaires. D’autant plus que, discrètement, pendant l’été, notre président pour faire plaisir à ses amis du PRG, créé un nouveau poste à la région, celui de « Président Délégué ». Un poste qui confèrera à celui qui l’occupera les mêmes attributions en termes de ressources humaines et de matériel. Coût de l’opération : 114 millions €/an.
– Qu’a fait l’Etat de concret pour mener une chasse plus radicale aux « Comités Théodules » ? Si le nombre des commissions administratives va chuter de 670 en 2012 à 400 à fin 2015, il en va différemment des 570 opérateurs de l’Etat qui concentrent, l’essentiel des dépenses (près de 50 milliards) et dont les effectifs n’ont cessé de croître ces dernières.
Et nous pourrions continuer ainsi pendant longtemps sur l’énumération des manquements de l’Etat concernant le remboursement de la dette.
Alors oui, nous avons toutes les bonnes raisons d’être en colère ! Mais dans le même temps, comme nous sommes des élus responsables, nous sommes prêts à faire les efforts nécessaires pour réaliser toutes les économies possibles, mais de grâce, ne nous imposez pas des délais aussi intenables qui provoqueront inévitablement l’effet inverse de ce que vous recherchez.
Bruno Millienne,