« Je trouve Arnaud Montebourg très gonflé. Si il y a des négociations entre l’Europe et les Etats-Unis, c’est parce que le gouvernement français a donné son feu vert. Mais ce n’est pas tout, la France a donné un mandat à la Commission Européenne pour négocier avec les américains sans qu’il y ait eu aucun débat préalable en France.
C’est ça le problème de l’Europe, c’est pourquoi nous disons dans notre campagne qu’il y a un impératif. On doit démocratiser l’Europe, on doit faire un saut démocratique. L’Europe doit se faire avec les peuples et là c’est l’exemple typique. En juin dernier, le gouvernement français a donné son accord pour l’ouverture des négociations en donnant mandat à la Commission pour aller négocier en notre nom. Aucun mot là dessus en France, aucun débat à l’Assemblée Nationale et au Sénat !
– Pourquoi cela selon vous ?
Parce que ça arrange bien les gouvernants, de droite comme de gauche, de faire les choses dans le dos des citoyens sans jamais ouvrir au débat. La très haute exigence imposée par nos normes européennes est une force. Certains prétendent le contraire, je ne suis pas d’accord avec eux. C’est très important d’être vigilant, c’est très important que les parlementaires nationaux, et pas seulement les parlementaires européens, communiquent sur les lignes rouges et les points importants de ce genre de débat.
– En Grèce, le parti d’Alexis Tsipras est en passe de réaliser un très bon score. Vous avez eu des entretiens avec Sandro Gozi, le secrétaire national italien aux Affaires Européennes, qui dit que le principal problème de l’Europe ce sont les représentants de la Troïka et non pas les représentants de l’Europe. Qu’en pensez-vous ?
Qui a inventé la Troïka ? Ce sont les chefs d’Etats européens. C’est d’avance quelque chose de consternant car c’est quelque chose de nécessairement anonyme et qu’on ne sait pas qui est derrière tout ça. Il faut plus de solidarité en Europe. Il faut aider les peuples qui sont en difficulté, on aurait dû en Grèce avoir une attitude différente. Il faut les aider à accomplir les réformes qui sont nécessaires, à fiscaliser les armateurs, l’Eglise grecque par exemple. C’est faux de dire que c’est à l’Europe d’accompagner ces réformes, ce sont aux Etats membres à faire face à leurs responsabilités sinon nous n’y arriverons pas.
– L’affaire Kerviel, qu’en pensez-vous ?
Il y a des dérives dans les banques, je ne le nie pas. C’est pour cela qu’il faut encadrer leur fonctionnement, ce que l’Europe d’ailleurs tente de faire avec l’Union Bancaire. Cela dit, quand quelqu’un commet des fautes et que sous prétexte qu’il est dans une banque on l’exonère, je trouve ce raisonnement un peu court. Quand François Hollande déclare que son ennemi c’est la finance, c’est un grand classique de la politique française. C’est la théorie du bouc émissaire, ce n’est jamais de notre faute. Un coup c’est l’Europe, le lendemain ce sont les étrangers et c’est comme ça que la France n’avance pas et cela fait trente ans que ça dure.
– Certains disent que nous allons passer de la famille biologique à la famille sociale avec le projet de loi famille du gouvernement, votre position à ce sujet ?
Je pense qu’il y a plus urgent en France actuellement en particulier le redressement économique et social du pays. Il faut qu’on parvienne en France à faire des réformes par une autre voie et qu’on arrête de cliver sur ce genre de sujet qui nous importe tous.
– La campagne des européennes publie une étude intéressante et qui dit que seuls 40% de vos électeurs sont sûrs d’aller voter. Avant de convaincre l’ensemble des Français, ne devriez vous pas d’abord vous occuper de vos électeurs ?
Nous sommes les plus européens dans cette élection et nous appelons à la mobilisation de tous ceux qui comme moi, pensent que l’idée européenne est la plus extraordinaire qui soit et que c’est la seule qui permette de répondre aux défis que nous impose le monde d’aujourd’hui. Nos électeurs nous entendent et ils comprennent à quel point l’Europe est importante. Pour eux, l’Europe c’est évident et ils se demandent à quoi cela sert d’aller voter.
Je leur répète, allez voter pour ne pas que cette campagne se fasse confisquer par l’extrémisme.
Rappel: Réunion publique avec les candidats franciliens le 20 mai à Versailles (derrière la mairie, UIA), à 19h