« Le mur de Berlin appartient à l’Histoire »

Trente ans, une génération … un jour dont  les moins de trente ans ne peuvent se rappeler … une page d’histoire pour eux… des souvenirs pour leurs parents …la liberté retrouvée, la fin de la guerre froide,  l’unité de l’Allemagne  … chacun réagit selon son vécu. Quelle que soit cette réaction, une  page d’histoire s’est tournée ce 9 novembre 1989 et aujourd’hui,  « le mur de Berlin appartient à l’Histoire » (La chancelière allemande Angela Merkel).

L’Histoire s’écrit en majuscule lorsqu’elle nous surprend. « Je n’aurais jamais prévu ce soulèvement populaire, pacifique en plus », reconnaît Jacques Delors, alors président de la Commission européenne. « C’est comme en 1848 ou en 1789, le peuple qui fait l’Histoire, et les hommes politiques comme moi qui courent après … » Interview de Jacques Delors le 12 novembre 1989. (Source Notre Europe, Institut J Delors)

La chute du mur (3,60 m de haut, 160 km de long et 300 miradors) a mis fin à 50 ans de séparation entre les deux parties de l’Allemagne, la République Fédérale d’Allemagne (la RFA) et la République Démocratique allemande (la RDA).

Quelques réactions de témoins de la soirée du 9 novembre à Berlin : (Source France info)

Saskia Hellmund, adolescente est-allemande de Thuringe : Nous mettons des heures et des heures pour arriver à la première ville ouest-allemande, Bad Neustadt, pourtant toute proche. Des habitants nous apportent du thé. On demande à visiter leur maison. Au supermarché, il y a je ne sais pas combien de marques de chocolats, alors que nous n’en avons que trois ! J’achète aussi deux BD Astérix, car nous n’en avons pas de notre côté. Sur le chemin, je vois un chat et je me dis : « Est-ce que tu es différent, chat ouest-allemand ? » C’est en croisant cet animal que je comprends combien la situation de ces dernières années était absurde.

Patricia Hacquin, femme de militaire français : A Checkpoint Charlie, les Vopos sont carrément debout sur le Mur, les bras dans le dos, pour nous empêcher d’y monter. Je tente d’expliquer à mes filles l’importance de ce qui est en train de se passer. Un beau jeune homme aux cheveux frisés passe à côté de moi. Il vient de Francfort et me lâche en français : « Nous sommes en train de construire l’Europe. »

 Après la chute du mur de Berlin, l’ordre mondial hérité de la seconde guerre mondiale s’écroule. L’Allemagne se réunifie et une transition démocratique s’amorce en Europe de l’est, pacifique souvent, plus violente en Roumanie. L’effondrement des régimes communistes aboutit à une nouvelle recomposition territoriale, de nouvelles frontières délimitent de nouveaux états, engendrant de nouveaux conflits.

L’Allemagne connaît des difficultés économiques : elle ne peut aider l’Est. Helmut Kohl demande  l’aide de ses partenaires européens. François Mitterand  lui propose en échange de réaliser l’Europe politique : ce sera le traité de Maastricht en 1993.

L’Europe peut ainsi se tourner vers un autre défi d’envergure : la construction européenne, et de nouveaux élargissements à l’est.

« Nous sommes en train de construire l’Europe »: ces propos rapportés par la femme du militaire à  Checkpoint Charlie sont toujours d’actualité. Certes,  ils sont synonymes de paix et de réconciliation des peuples mais que d’incertitudes, de nouveaux clivages et de nouvelles fractures aujourd’hui entre deux Europes qui ont encore bien des « murs » entre eux. Il y a 30 ans, la géographie est- ouest était  réconciliée, pas encore l’histoire.

Des fractures que les nouveaux murs ne pourront pas combler de suite tout au moins. En effet, s’il y a une leçon à retenir de ce 9 novembre 1989, c’est bien celle  qu’aucun mur ne peut résister à l’aspiration des peuples à la liberté et à la démocratie.

« À l’avenir il convient de s’engager… pour défendre les valeurs de l’Europe »(A. Merkel, originaire elle-même de l’ancienne Allemagne de l’Est communiste, la RDA, et qui a entamé sa carrière politique dans le sillage de la chute du Mur de Berlin). « Le Mur de Berlin appartient à l’Histoire et nous enseigne qu’aucun mur qui exclut les gens et restreint la liberté n’est assez haut ou long qu’il ne puisse être franchi », a aussi souligné  la chancelière.

30 ans après  la chute du mur, abattu par des femmes et des hommes épris de liberté, le défi européen d’aujourd’hui et pour lequel « il convient de s’engager » est de poursuivre l’union, et donc de « bâtir des ponts et non des murs » (Marc Fesneau).

Viviane Boussier MoDem Europe 78

Photo, chute du mur France Culture

 


Viviane Boussier, le 10 novembre 2019