Quand « l’éternelle rebelle » devient « Immortelle »

Un an après nous avoir quittés, Simone Veil entre au Panthéon avec son époux, Antoine.

Avec elle, « éternelle rebelle » (Jean d’Ormesson) la vie est un combat permanent mais souvent gagné.

Combat pour vivre: déportée à Auschwitz à 16 ans par le convoi n°71 du 13 avril 1944. Elle portait sur le bras gauche le numéro 78 651 de déportée à Birkenau. Elle le fera graver sur son épée d’académicienne et il le sera sur son sarcophage.

Combat pour la tolérance: victime dans sa chair et dans ses liens familiaux de la barbarie nazie, elle a compris que seuls le dialogue et la réconciliation entre les peuples empêcheraient de nouveaux Auschwitz. Cinq ans après son retour du camp, elle part en Allemagne avec son mari quand il est nommé dans ce pays.

Combat pour la justice et l’égalité: devenue magistrat, elle se bat pour la dignité et l’émancipation des femmes en faisant voter par l’Assemblée en majorité hostile, la loi donnant aux femmes la liberté de leur corps : c’est la « loi Veil » sur le droit à l’interruption volontaire de grossesse.

Combat pour l’Europe: rassembler, concrétiser la réconciliation en construisant l’Europe, elle est la première femme à présider le Parlement européen à Strasbourg. « Quand je regarde ces soixante dernières années, confiait-elle en 2008, c’est ce que l’on a fait de mieux »

Combat pour la civilisation et les lettres: académicienne, elle devient « immortelle », mais toujours rebelle !

Pleinement femme, épouse et mère, européenne, éprise de justice, toujours battante, tous ses combats et ses défis sont encore d’actualité : ce sont maintenant les nôtres que nous prenons en héritage.

Merci Madame. Vous avez démontré que la dignité, la tolérance, la justice, la défense des valeurs auxquelles nous croyons, en un mot la vie ont le dernier mot.

La République, la France et l’Europe vous doivent bien d’entrer au Panthéon avec votre époux.

 


Viviane Boussier, le 3 juillet 2018